Mais au fait, l’organisation dans tout cela ?
« Un changement dans un environnement provoque une cascade d’actions-réactions qui en différencie les composants jusqu’à l’atteinte d’un nouvel équilibre intégrant ce changement ».
Mais, dans l’éventail des équilibres possibles, l’organisation n’est qu’une option !
Il n’y a pas d’organisation sans diversité des rôles, ni sans dépendances entre ses composants. L’organisation est donc un intermédiaire entre les deux situations extrêmes que sont l’individualisme (variété de comportements avec de rares dépendances) et le panurgisme (uniformité de comportement et interdépendance forte). Elle marie principalement la collaboration et la cohabitation … mais flirte aussi avec un peu d’individualisme et de comportement moutonnier !
L’agencement d’une organisation naturelle ou conçue par l’Homme est semblable, on y retrouve les mêmes types de fonctions et rôles. Mais le processus de conception est totalement différent. Tandis que nous concevons nos organisations par assemblage de rôles, la nature procède principalement par différenciation.
« Nous construisons en intégrant des différences, la nature en différenciant des semblables »
En effet le monde minéral s’est construit par la différenciation des éléments dans l’espace. Et le vivant se fonde sur la différenciation de cellules toutes semblables au départ (même patrimoine génétique) mais pluripotentes et donc douées de la capacité de se transformer en cellules de muscle, de peau, d’organes, etc… Impensable évidemment de construire un organisme vivant (même limité à une cellule) par assemblage de ses différents organes !
L’Homme et la nature n’utilisent donc pas la même méthode d’ingénierie d’organisation, ce qui explique les caractéristiques si différentes entre les organisations naturelles (organismes, écosystèmes, sociétés animales, …) et les nôtres. Il est vrai, par exemple, qu’un organisme peut subsister à bien des agressions et altérations alors que la moindre des défaillances rendra un satellite (bien moins complexe qu’une simple bactérie) complètement inopérant ! Si donc certaines propriétés des organisations naturelles nous font rêver (adaptabilité, résistance, souplesse, …), et que l’on souhaite en bénéficier, il est probable qu’il nous faille adopter une méthode de conception d’organisation plus … naturelle, c’est à dire basée sur la différenciation.
Et cette organisation basée sur la différenciation ne ressemble-t-elle pas à cette auto-organisation dont on parle tant et que l’on rencontre si rarement dans nos entreprises ?
Après avoir pointé la différence fondamentale entre les logiques d’ingénierie naturelle et humaine, nous allons maintenant en apprendre un peu plus sur les conditions naturelles d’émergence d’organisation et donc sur l’auto-organisation.