18-Contraindre ou convaincre ?  0

Carrote ou baton

Le dilemme de la motivation  

Si les ressorts de la motivation d’un collaborateur sont relativement connus, il en est tout autre de ceux d’une équipe. Car la combinatoire des comportements individuels et l’émergence de comportements composites imprévisibles rendent incertaine toute prédiction du comportement d’un groupe. Contraindre ou convaincre restent malgré tout les 2 options basiques du management pour impulser une direction … avec parfois un savant mélange de “carottes et de bâtons”.

Mais peut-on convaincre une équipe en contraignant les collaborateurs ?

Et est-ce que convaincre les collaborateurs suffit à convaincre l’équipe ?

                                   Et est-ce que …. 

Des siècles d’études, de réflexions, de recherches et d’expériences nous ont légué un riche catalogue de méthodes, techniques et outils de management. ll suffit de consulter la littérature existant à ce sujet pour s’en convaincre. Mais en définitive, et quelle que soit la complexité de la méthode utilisée, toute action de management reposera sur une alchimie de deux actions basiques : “donner envie de ” OU “forcer à”. Il est d’ailleurs amusant de constater que ce choix apparemment binaire se retrouve dans bien des situations : pousser/tirer, flux poussé/Kanban, repousser/attirer, séduire/faire fuir et même … balayer/aspirer.

Pour autant pas de stratégie évidente car c’est le contexte et la compréhension de chaque situation qui dicteront l’approche la plus pertinente.

Mais malgré tout on peut isoler certaines situations qui illustrent ce choix cornélien et peuvent aider à la prise de décision.

 

L’exemple qui suit montre que, si l’on on peut parvenir assez aisément à  contraindre ou convaincre un individu, il est difficile de contraindre un groupe car la démarche doit alors s’appliquer quasi simultanément à chaque élément du groupe. Chien-de-berger

L’image du troupeau de moutons que le berger tente de faire entrer dans un enclos, même aidé de son chien, en illustre bien la difficulté. Chaque mouton divague d’ici qu’il soit orienté par le chien … tandis que les autres moutons recommencent à s’éparpiller. Avec pour résultat un chien passant fébrilement d’un mouton à l’autre tel l’artiste de cirque qui fait tourner des assiettes sur des tiges. On imagine sans peine qu’il serait plus efficace que les moutons entrent d’eux-mêmes dans l’enclos … parce qu’attirés par une source irrésistible de nourriture, par exemple ! Tout comme d’ailleurs il est bien plus rapide et efficace d’aspirer de la poussière que de la balayer vers une pelle !

Pour “orienter” un groupe, une équipe, il semblerait donc plus aisé d’en convaincre les éléments que d’essayer de les contraindre individuellement ?

 

Mais encore faut-il s’adapter au contexte, ce que montre l’exemple contraire qui suit !

Pailles Il est d’actualité de progressivement identifier des usages de notre vie courante que l’on pourrait changer pour minimiser notre impact sur l’environnement. L’utilisation de pailles plastiques qui, pour un grand nombre, finissent en mer ou sur les plages en est un exemple. Convaincre chaque consommateur de ne plus les utiliser serait une tâche de longue haleine, mais si l’on interdit la vente de ces pailles les consommateurs seront bien contraints de s’en passer ou d’utiliser ce que le marché leur proposera en remplacement. On aura ici réussi à contraindre un groupe sans s’épuiser à en contraindre ou convaincre chaque individu !

La contrainte a donc également ses vertus !

 

Alors convaincre ou contraindre ? Eh bien le dilemme n’est pas si “binaire”, ce qu’illustre la situation suivante.

Caddies

Nous sommes de moins en moins nombreux à nous rappeler encore les problèmes soulevés par les caddies sur les parkings des premiers supermarchés ; une vraie anarchie !

Il était alors courant, avant de pouvoir repartir, de devoir déplacer plusieurs caddies “lâchement” abandonnés au milieu des voies de circulation (après avoir plus ou moins bien rangé le sien !) ou de pester contre ceux qui avaient “seuls” dévalé un parking en pente pour s’arrêter (avec dégâts bien sûr) sur son véhicule. Et ce ne sont pas les consignes et recommandations qui pouvaient convaincre les clients de ramener leur caddy, une fois vide, à un point de rangement.

Il a alors suffit d’équiper les caddies d’un dispositif les rendant accessibles au point de rangement à la seule condition d’y insérer une pièce de monnaie. Pour récupérer sa pièce de monnaie (la consigne), une fois le caddy vidé, le client devait se résoudre à le ramener à un point de rangement et à l’encastrer dans une file de caddies déjà rangés.

Alors contraint ou “envie de” ? Le client est bien contraint d’insérer une pièce de monnaie dans le caddy pour pourvoir l’utiliser … mais il est aussi “intéressé” à le ramener pour pouvoir la récupérer. Il s’agit bien là d’une combinaison des deux approches qui montre bien que c’est au cas par cas que chacune de ces stratégies (ou les deux) doit être appliquée !  

 

Quelle que soit la méthode et le style de management appliqués, et aussi élaborés soit-ils, ils reposeront forcément sur ces deux moteurs de l’action individuelle et de groupe car finalement … les individus et le groupe auront “envie de” et/ou se sentiront “contraint à”. Mais bien des méthodes de management se bâtissent sur beaucoup (trop ?) de concepts et inventent leur propre vocabulaire jusqu’à flirter avec l’ésotérisme et perdre de vue certains fondamentaux !

Le bon sens recommande donc de ne pas perdre de vue qu’en définitive les acteurs seront motivés et animés par ces deux ressorts basiques “avoir envie de ” ET “être forcé à” sachant que le pire serait que la méthode/style de management persuade le manager qu’il “donne envie” alors que les acteurs se “sentent contraints”. 

 

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